Les neutropénies

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La neutropénie (moins de 2000 /mm3) apparaît lorsque les reserves de neutrophiles sont épuisées. Cette réserve est de 5 jours chez le chien, elle est quasi-nulle chez le chat. Cette section possède peu de photos, j'en suis désolé.

Les traitements sont étiologiques, dans la mesure du possible, sinon des traitements adjuvants sont parfois proposés:

 

 

2.1. Les neutropénies iatrogènes.

Les radiations et les anti-mitotiques sont de puissants neutropéniants, mais il faut y ajouter :

Les 2 dernièrs présentent une toxicité idiosyncrasique, c'est-à-dire liée à l'individu et non reproductible.

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2.2. Les neutropénies infectieuses.

2.2.1. Les infections non spécifiques.

Une infection sévère entraîne une consommation excessive des neutrophiles qui peut, dans certains cas conduire à une neutropénie, souvent transitoire :

En outre l'infection peut se compliquer d'un choc endotoxinique qui provoque une séquestration des neutrophiles par marginalisation. Les chocs anaphylactiques produisent aussi le même phénomène.

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2.2.2. Les infections spécifiques.

2.2.2.1. La salmonellose.

Salmonella spp provoque une gastro-entérite qui peut se compliquer d'une septicémie et d'un choc septique, surtout chez les jeunes. Le diagnostic différentiel avec les parvoviroses canines et félines se fait par exclusion, la recherche de salmonelles n'étant pas toujours significative :

sang
fécès
signification
+
+
septicémie
-
+
possibilité de porteur sain
+
-
incohérent
-
-
possibilité de mauvaises conditions de culture

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2.2.2.2. La parvovirose canine.

Les races à croissance rapide sont les plus sensibles, particulièrement :

Les virus CPV-2a ou CPV-2b provoquent essentiellement des lésions des cryptes du jéjunum responsables d'une translocation bactérienne. Nous ne retiendrons que les éléments diagnostiques suivants :

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2.2.2.3. La panleucopénie féline.

Contrairement à ce qui est classiquement décrit, la panleucopénie féline n'est pas comparable à une parvovirose canine chez le chat.

Une raison essentielle en est l'absence d'un pool de neutrophiles de réserve chez le chat. Par conséquent la neutropénie est précoce et sévère. Lorsque celle-ci passe en dessous de 400 /mm3 chez le chat on parle d'agranulocytose. L'agranulocytose définit un déficit des défenses anti-microbiennes tel que la mort par choc septique est imminente.

Par ailleurs les test ELISA sur fécès ne sont pas toujours fiables et une PCR sur écouvillon rectal est préférable.

Enfin l'hypoalbuminémie est plutôt expliquée par une insuffisance hépatique sévère que par des pertes digestives qui restent modérées dans l'échantillon de ma propre expérience.

Pour en savoir plus je mets à disposition un projet d'article en ligne. Attention ce document n'est pas finalisé et pèse 1 MB! (Télécharger)

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2.2.2.4. L'ehrlichiose canine.

Ehrlichia canis est la rickettsie la plus courante et la plus pathogène chez le chien et le chat.

La clinique évolue en trois phases : Aiguë, sub-clinique et chronique.

La phase aiguë.

Elle dure 2 à 4 semaines et se manifeste par:

La phase sub-clinique.

Elle peut durer plusieurs mois à plusieurs années. En l'absence de clinique, il peut toutefois exister des modifications de l'hémogramme:

La phase chronique.

La guérison peut survenir spontanément au cours des 2 premières phases. Dans le cas contraire la forme chronique s'installe avec son cortège clinique:

Il existe une polyarthrite granuleuse (purulente) aseptique, non érosive due à Ehrlichia ewingii.

Les examens hématologiques montrent :

Les morulas sont rarement mises en évidence dans les monocytes (1% des monocytes contiennent une morula), mais plus fréquemment, E. ewingii est visible dans les neutrophiles. L'étalement de la fraction leucocytaire permet un premier enrichissement, mais souvent une deuxième centrifugation est nécessaire. En l'absence de morula, il faudra faire le diagnostic différentiel avec :

Le diagnostic de laboratoire propose la sérologie qui est peu spécifique et peu sensible en phase aiguë, mais qui présente un intérêt majeur en phase chronique lorsque les titres sont élevés, de l'ordre de 1:1024. La PCR est très sensible et relativement spécifique, mais attention elle se négative très rapidement à l'instauration d'une antibiothérapie.

Le traitement recommandé est la doxycycline pendant 28 jours. Mais des protocoles existent avec les tétracyclines, le chloramphénicol et l'imidocarbe (2 injections à 14 jours d'intervalle).

 

2.2.2.5. Les rétroviroses félines.

La neutropénie est fréquente au cours de la primo-infection, elle est modérée et transitoire dans le cas du FeLV et elle peut être sévère pour les co-infectés FIV/FeLV et les chatons infectés in utero.

Dans la phase symptômatique les neutropénies isolées sont rares. Dans le cas du FeLV ,elle est associée à une myélémie qui signe une myélodysplasie avec maturation mégaloblastique. Dans le cas du FIV, une cause immune est plus souvent évoquée. Dans certaines neutropénies sévères, il n'est pas exclu qu'un parvovirus se développe à la faveur d'une immunosupression (Lutz et coll., 1993).

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2.2.2.6. L'histoplasmose.

Histoplasma capsulatum est une levure qui peut infecter le système réticulo-endothélial, digestif, respiratoire ou les yeux.

Chez le chien il s'agit souvent d'une colite granulomateuse ulcéreuse chronique, chez le chat les manifestations sont plus souvent respiratoires.

Le diagnostic consiste à mettre en évidence les levures dans les lésions grâce à un examen cytologique ou histologique. Rarement Histoplasma capsulatum est observée dans les neutrophiles.

histoplasma capsulatum

H. capsulatum est une petite levure cytoplasmique à noyau violet excentré. Elle n'est normalement pas décrite dans les hématies. Ce chien présentait une rhinite éosinophilique ne répondant pas aux antibiotiques, mais répondant aux anti-histaminiques.

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Le traitement fait appel à l'Itraconazole et à l'amphotéricine B.

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2.2.2.7. La toxoplasmose.

Elle est rarement symptomatique chez le chien et le chat; elle se manifeste en général chez les individus immunodéprimés.

Chez le chat il existe une forme strictement intestinale et une forme subaiguë à chronique, avec inconstamment :

Les formes généralisées sont en général fatales; elles touchent :

L'hémogramme n'est pas spécifique:

La biochimie n'est pas plus spécifique :

Le diagnostic définitif est difficile parce que :

Le dosage des IgM semble un peu plus spécifique, mais moins sensible.

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2.2.2.8. La maladie de Carré.

Comme pour beaucoup de pathologies virales, une neutropénie transitoire peut apparaître en début d'infection. Des inclusions éosinophiles cytoplasmiques (corps de Lentz) sont parfois observées dans les neutrophiles, mais aussi dans les hématies, les monocytes et les lymphocytes.

Corps de Lentz

Le corps de Lentz est franchement éosinophile et de bonne taille.

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Coprs de Lentz

Les coprs de Lentz ne sont pas toujours circulaires.

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2.3. Les neutropénies immunes.

Elles sont rares et leur mécanisme n'est pas élucidé chez le chien et le chat. Elles peuvent être dûes à une destruction périphérique ou centrale. Cette dernière forme est parfois appelée : neutropénie répondant aux corticoïdes.

 

2.4. Les neutropénies cancéreuses.

Elles accompagnent souvent des hémopathies malignes et ce sont en général, des pancytopénies qui ont pour origine :

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2.5. Les neutropénies congénitales.

2.5.1. La neutropénie cyclique du Colley gris.

Elle provoque une pancytopénie qui apparaît tous les 12 jours. La neutropénie dure 2 à 4 jours et les atteintes des autres lignées ne sont pas perceptibles.

 

2.5.2. Le syndrome de Chediak-Higashi

C'est une maladie héréditaire identifiée chez le chat, dont le mode de transmission est classiquement décrit comme autosomal récessif. Cependant les hétérozygotes montrent aussi des déficit fonctionnels des phagocytes, notamment de motilité. (Colgan S.P. et coll., 1992). La maladie était décrite initialement chez les Persans à robe smoke et aux yeux jaunes, mais les Abyssins semblent aussi fréquemment touchés et toutes les races sont susceptibles.

Les homozygotes présentent cliniquement :

L'hémogramme montre :

Il n'existe pas de traitement satisfaisant, mais il convient d'éviter les AINS :

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